Je n’ai rien à dire de spécial,
En cette soirée glaciale où je suis
Avachi dans mon lit,
Et blotti sous le vieil édredon jaune
Dont la toile ancestrale donne quelques signes d’éreintement
Par ci par là quelques plumets émergent de cette peau
Et prennent leur envol.
Il m’est venu en héritage de ma mémé
Qui dormait dessous avec sa bouillotte
Dans le grand lit conjugal
Aux boiseries encaustiquées avec des boules de cuivre.
Je suis seul dans ce lit,
Et je sais ce qu’il m’en coûte,
D’être seul dans un lit ;
La mémé elle fut longtemps veuve,
Eut-elle parfois quelques frissons,
Quelques malfaçons, en palpant sa bouillotte
Sous cet édredon jaune,
J’aurais dû lui demander …
Et combien d’oies fallut-il plumer
Pour gonfler ce gros sac,
J’aurais dû lui demander !