Mon pigeon voyageur
J’enregistre pour vous mes amis de tous bords
De Bretagne et d’ailleurs dans le reste du monde
Et pour vous disparus au-delà des nuages
Je propage en écho ce qui me tient à cœur
Un écho de ma voix sur votre longueur d’ondes
Où je peux débarquer sans avis de passage...
J’envoie mon messager mon pigeon voyageur
Au-delà des frontières du pays où je vis
Il te dira mon frère la paix soit avec toi
Dans ta maison de toile au fin fond du désert
A des années lumière de notre économie
J’ai partagé le thé, le pain, au feu de bois…
Je t’écris ce poème ô ma reine de cœur
Pour te dire que je t’aime et c’est le même mot
Pour cent mille amoureux du Grand Nord aux Tropiques
Oublions le ménage et les sautes d’humeur
Nos enfants sont charmants quel qu’en soit le fardeau
Tant qu’il n’est que rêvé l’amour est idyllique…
Je jette sur ta porte un petit mot gribouillé
Pour te dire, toi qui vis à deux pas de chez moi,
Bien des fois je voulais m’arrêter boire un verre
Pour te dire, cher voisin, mais le temps m’a manqué
Sors l’apéro, à ta santé, ça va chez toi ?
L’hiver à ta fenêtre je vois de la lumière…
Je laisse un testament avant de repartir
Frères et sœurs collatéraux et autres cousinages
On se retrouvait tous aux repas de famille
Les albums de photos enterrent les souvenirs
On compte les cheveux gris car on a pris de l’âge
Pour garder le contact on s’envoie des e-mails …
Le pigeon de mon âme était un oiseau blanc
Innocent comme l’enfant que je serre dans mes bras
Il a perdu des plumes, raté quelques escales
Le cœur de mon pigeon va prendre son élan
Il voudra s’évader entre les nuages bas
Pour aller dans le noir picorer les étoiles !
Patrick ARDUEN (1er titre du CD)
C’ EST LE PROGRES
Je regarde la télé
Ma maison est chauffée
Mon frigo rembourré
Je bois du petit lait
Alors je me paye du bon temps
Mais ça n’va pas durer
Et ça m’empêche de dormir…
On a inventé la poudre,
La machine à laver
Et le robot-marie
Des stations orbitales
Un tunnel sous la Manche
Et des machines à sous,
Alors on dit c’est beau la science
Mais je manque de caresses
Et ça m’empêche de dormir…
On féconde in vitro
On a le sperme en banque
On vaccine les enfants
Contre les maladies
On injecte le sang
On ramène à la vie
Alors on dit vive la médecine
Mais moi j’ai mal au ventre
Et ça m’empêche de dormir…
On a des ascenseurs
Des fauteuils électriques
Et pour plus de bonheur
Des baignoires qui bouillonnent
Des antidépresseurs
De la crème antirides
On est partis pour vivre vieux
Mais je fais des cauchemars
Et ça m’empêche de dormir
On a des téléphones
Qui savent lire et écrire
Des lanternes magiques
Et des jeux vidéo
Branchés sur satellite
On entend des musiques
On clique sur l’horizon
On voit le bout du monde
Alors on dit c’est beau le progrès
Mais mon amour s’en va
Et ça m’empêche de dormir…
Je regarde la télé
Ma maison est chauffée
Mon frigo rembourré
Je bois du petit lait
J’ai vraiment tout pour être heureux
Mais on frappe à ma porte
Et j’ai envie de dormir…
Patrick ARDUEN
NOUS IRONS VERS LE NORD
La petite Sirène au pays d’Andersen
Attendait son amant je suis là près de toi !
Nous avions ce projet de partir vers le nord
Au pays des polders et des îlots de sable,
De partir vers le nord suivant le vol des cygnes
Et des longs migrateurs tentés par le voyage
Vers des villes blotties autour de leur beffroi
Avec le glockenspiel pour égrener le temps,
Dans un port de Baltique roulant de cabotage
Frissons venus du large et frôlant nos visages
Nous irons sur les quais chers amants de passage
Les cargos balancés tatoués de coquillages
Une auberge massive ce sera notre gîte
Deux verres pour trinquer exubérants de mousse
La servante aux yeux bleus se permettra de rire
De cannelle et de vin nous aurons le tournis
Une chambre douillette aux rideaux de cretonne
Avant de s’endormir nos vingt ans reviendront
La baguette magique des contes d’Andersen
Et d’autres étincelles pour éblouir nos rêves
Nous irons au-delà des cités de Malmö
Copenhague et pour nous rien que nous les escales
N’auront plus de saison juste un parfum d’amour
De canelle et de vin sous l’aurore boréale
Il faut tourner la page et nous la tournerons
Nous irons un beau jour vers ces îlots de sable
Où les oiseaux de mer et les nefs en partance
Tatoués de coquillages embarquent vers le Nord.
Patrick ARDUEN
(titre du CD)
AU PEUPLE INCONNU
Oublié dans le puzzle des grands continents,
Des Etats ayant pignon sur rue à l’O.N.U.,
A peine repéré des photos satellites
Dans une île lointaine au-delà des Balkans,
De ce peuple inconnu, opprimé, sans papiers
Je sens sur mes épaules l’écho des soubresauts,
Je sens au bout des doigts l’impact des coups de feu
Je sens la puanteur des corps décomposés
Je sens sur mon visage la pluie de leurs sanglots
Au peuple qui n’est plus qu’un Maori déchu
En ce triste Tropique atteint de pandémies,
Dysenterie, palud, sida ou malaria
Au dernier Mohican des rues de Manhattan
Au pauvre titubant des banlieues misérables
Dans les vapeurs d’alcool qu’on sert aux indigènes
Je sens le froid piquant de leurs hivers gelés,
Je sens la sécheresse de leur climat torride,
Mes pieds sont sous le choc des tremblements de terre
Je me sens submergé par leurs torrents de boue
A ceux de Tchétchénie, du Thibet, d’Algérie,
De Kurdistan, de Colombie, de Palestine,
Aux peuples des Grands Lacs et des Terres brûlées,
Aux familles transies des camps de réfugiés
Qui vivent au jour le jour sous des toiles de tente,
Aux peuples oubliés du concert des Nations
Je veux tendre la main et briser la spirale
Du clivage Nord-Sud et de la corruption,
Je veux une truelle pour bâtir des maisons,
Et fondre les canons pour construire des machines,
Je voudrais les colombes à l’abri des faucons,
Et les enfants du monde avoir un beau pays !
Patrick ARDUEN (titre du CD)